Je me faisais une réflexion sur le temps ce matin. Au cœur de notre ère (post) moderne, une réalité s'impose : la perception du temps semble s'accélérer. Cette accélération ne modifie pas le temps lui-même, mais bien la manière dont nous le percevons. La vie courante, de par sa morphologie et les sollicitations répétées qu'elle suppose, nous pousse à privilégier l'urgence, le court terme et la réaction immédiate à la réflexion sur le long terme.
Cette constante incitation à l'immédiateté met nos corps et nos esprits à rude épreuve. Le stress accompagne le quotidien, le sens s'évapore, et les liens qui unissaient jadis naturellement les individus se distendent. C'est comme si nous n'étions pas les maîtres à bord. Je dis bien "pas", et non "plus". Je ne fantasme pas un passé où les hommes auraient joui d'une totale liberté à ce niveau. Cela dit, nous pouvons certainement observer un déclin. Mais parlons de la liberté.
Du point de vue structurel, la démocratie incarne parfaitement le raccourcissement de la préférence temporelle, en partie à cause de son socialisme sous-jacent et de la prédominance de la propriété publique. Notre "dirigeant" est lui-même pris dans cette dynamique, incité par la structure même de son régime à préférer les décisions de courte vue et le gaspillage au souci de la conservation des richesses du territoire.
Plus encore, l'État, entité omniprésente, exerce une influence considérable sur la perception de nos existences. Comprenez bien que notre monde moderne est largement façonné par le droit, la psychologie et l'économie. Le droit définit le rapport que nous avons à l'Homme. La psychologie nous permet d'en cerner les croyances sur une période donnée. L'économie nous renseigne sur notre liberté d'échanger sans entraves, c'est-à-dire celle de s'enrichir.
Le drame, c'est que c'est l'État qui a le pouvoir de fonder et de refonder ces éléments : il établit le cadre juridique, participe largement à l'influence des masses et intervient sur les marchés. Si les libertariens sont si durs à son égard, c'est en partie parce qu'ils ont compris que son emprise oriente nos existences dans le sens de la distorsion et de l'accélération. Au fond, nous souhaitons simplement respirer à plein poumons.
Face à la vitesse, nos vies prennent des allures difficilement définissables, comme si elles n'étaient qu'une illusion plutôt qu'une incarnation. Cela dit, restons confiants : dans cette société où la temporalité semble jouer contre nous, dénonçons au moins ceux qui déforment nos vies, mais surtout, efforçons-nous d'en reprendre les rênes. Vouloir la liberté n'est pas juste constater sa perte, c'est chercher à la reconquérir.
Auto-formation/lectures, rencontres, entrepreneuriat, transmission/partage, discussions, innovations, sport, musique... autant de moyens créatifs, physiques, relationnels et intellectuels de réenracinement dans nos existences. La flamme de la liberté peut s'être affaiblie par l'esprit et les structures du temps, mais elle ne s'éteindra jamais tant que chacun de nous restera en mouvement.
Vous savez, la vie pleine nous quitte bien avant la mort. Elle déserte tous les êtres qui n'ont plus conscience du caractère inestimable de leur temps, ni la capacité d'en contrôler la perception. Mais ce luxe n'est pas un dû, c'est une conquête. Embrasser de toutes vos forces le monde supposera toujours une chose : être et rester en recherche de puissance. Au fond, il n'y a que la puissance. Le reste n'est que littérature.
🏛 Envie de pousser votre formation à mes côtés?
Rejoignez ACADEMIA HOMINES (3 niveaux d'adhésion) pour accéder à tous mes contenus: j'y partage des vidéos privées régulièrement afin de parfaire vos connaissances du libertarianisme et de la philosophie occidentale.