Pour un étatiste, l'Excellence émerge du contrôle. Puisqu'il y a les bonnes valeurs, et le reste, il faut (ré) éduquer les individus pour que les bonnes valeurs supplantent celles jugées néfastes. Dans cet esprit existe une peur panique de la perte de qualité, et même de la "fin de race" concernant les gens les plus à droite de l'échiquier politique. Ceux qui s'écartent du droit chemin sont alors le problème.
Pour un libéral pur jus, bien que l'existence de critères existe sur le plan personnel et que lui-même s'y astreigne, il ne peut jamais être légitime de les imposer par le pouvoir. Ce n'est pas lui qui insuffle ses valeurs, mais bien la Vie mise en mouvement par chacun de nous. Par ailleurs, le libéral constate que les Hommes sont profondément différents.
Leurs envies, leurs préférences et leurs projets sont multiples et ne demandent qu'à finir incarnés dans la matière. L'esprit libéral est celui de la création. Il espère alors que les Hommes disposent de toute la liberté pour se confronter à la réalité et s'y réaliser sans jamais être réprimés.
Il ne désire pas "transformer l'Homme": il désire que chacun se transforme librement pour devenir ce qu'il est. Dans cette aventure individuelle et relationnelle, puisque l'Homme cherche tout autant à être bien avec lui qu’avec les autres, il ne s'agit pas d'avoir des maîtres représentant l'archétype de la supériorité: il s'agit d'avoir des guides que l’on s’est choisi.
L’Homme n'est pas un animal sauvage qu’il faudrait dresser pour qu’enfin il rentre dans le moule idéologique des uns ou des autres. Il est un potentiel en devenir, nécessitant structure jusqu’à maturité (enfant => adulte), puis liberté d’agir pour prendre les rênes de sa propre réalité sociale.
L'erreur de l'autoritaire est de penser que la socialisation de l'Homme doit passer par le pouvoir. Comme si le monopole de la Vérité, du Bon ou du Juste s'y trouvait et devait s'appliquer sur tous. L'esprit libéral s'y oppose: ces valeurs sont d'abord une découverte.
Ma conception de l'Esprit Aristocratique est ainsi renversée: ce sont les individus libres qui font la Civilisation, pas l’inverse. L'Esprit Aristocratique vit par la liberté économique totale, c'est-à-dire la liberté de produire, d'innover, de s'adapter, de se tromper et de recommencer, sans aucune entrave. C’est un processus qui nécessite qu'on le laisse-faire.
Une telle société ne se modèle pas de force. Elle décante lentement par observation, transformation et transmission. La Vie est alors le nectar humain (trop humain?) de la co-construction volontaire, non de l'imposition. Dans ce cadre, les valeurs dominantes émergent de l'ordre spontané, lui-même fondé sur le droit privé, issu du consentement.
Elles sont adoptées par mimétisme parce qu'elles font leur preuve et sont reconnues massivement comme supérieures. Leur légitimité naît du marché libre parce que la seule supériorité se reconnaît et s'adopte: elle n'a jamais besoin de la violence pour exister. Au contraire, ce sont ceux qui exigent le plein contrôle qui démontrent leur fébrilité. Hommes de l'Ouest, avez-vous confiance en vos valeurs, OUI ou NON?
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